Sinon ton texte m'intéresse Koma, si jamais tu ne veux pas le poster publiquement, je le veux bien en MP aussi !
ca ne me dérange pas, c'est juste que ça peut paraitre très confus comme texte. C'est juste de l'écriture en prose, libre. J'écris très souvent et je m'intéresse à la poésie mais je n'aime pas du tout les règles académiques dans la littérature et la poésie (raison pour laquelle j'apprécie des oeuvres plus subversives aussi des contre cultures et de la littérature beatnik ou de la drug-culture, comme Nouvelles sous ecstasy ou Las Vegas Parano, du moment que ça arrive à m'évoquer quelque chose)
J'ai appelé ce texte "échos", en référence bien sur à Pink Floyd, mais aussi pour le terme lui même. Les titres en italiques étaient illustrés par des photos que j'aimais, sans rapport parfois autre que le mental, souvent trouvées en dérivant sur deviant art. Les titres parleront à ceux qui connaissent les groupes et leurs chansons, ce sont évidemment des musiques ayant beaucoup compté pour moi. Nombreuses références explicites inside en italique, très facile à comprendre je pense.
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Ce qui me tient en vie. Ce qui pousse plus loin. Et en contemplant le chargement du baladeur, je me rappelle. Il n'y a aucun but à répandre ses mots sur l'infini digital sauf espérer un écho pour lui communiquer nos émotions. Alors il faut écrire. Des souvenirs musicaux. Ouais, ça n'a pas grand sens, mais c'est doux à la mémoire. Bouts de plastiques qui ont tourné jusqu'à s'user, par tous les temps, toutes les émotions, avec tout le monde, avant toute la fin, après tout le reste...
i cannot remember. my own sanity. you'll be welcome, you'll be welcome in my dream.
Adolescence. Un concentré de formation de la personne sur tous les points émotionnels, mémoriaux et sociaux de mon être. Le rock, celui qui est hurlé depuis la peau écorchée, les yeux injectés, la bouche sèche et l'esprit incontrolable, celui qui vient des tréfonds des âmes de ceux qui voient et perçoivent ce que le commun des gens ne voient ou ne sentent pas, la rage, l'impuissance, la colère, le besoin de vivre en extériorisant cette électricité condensée en sons, du salut de l'âme à la noirceur nihiliste et ironique. Le hip hop, celui qui voit la ville respirer et les microcosmes se consummer comme un joint tiré longuement en fixant les étoiles. Celui qui envoie valser tous les codes établis pour jouer sur les mots, les amplitudes sonores et le sérieux qui rend tragique tout ce qui aurait pu ne pas l'être. Le folk, bouts de nuages et bouts de vies, effleurés dans un sourire triste ou factice, pour mieux avaler l'acide brulant et rouvrir les yeux sur ce que nous tenons vraiment à vivre et protéger.
Première écoute dans un train sans lumière, la nuit. Magique. Planant. Sécurisant. Ecouter ces explosions et ces murmures dans un coin, loin de ses propres amis qui ne comprennent pas comment pleurer ou rire sur ces bouts de papiers griffonnés et portés aux nerfs et aux catharsis.
i'm gonna get free. ride into the sun.
Fusion des genres, nouvelle ère déjà blasée et cherchant des chemins qui avaient déjà été enterrés sous les ruines d'un monde qu'on avait contemplé sans comprendre enfant qu'il s'écroulait devant nous. Le lancinement enfumé était devenu le mépris explicite au monde d'une adolescence décalée, jeunes sans repères fixes et cédant à cette apathie consécutive. I get bored. Cela se passait dans le casque, les yeux rougis, l'esprit embrumé. Ca laissait songeur et blasé. Cela se passait lors de soirées, quand on restait collé aux enceintes en hurlant « et ce passage là putain ! » complètement morts, ou à midi, le matin en allant au bahut, l’obscurité du sommeil et des matins d’hiver glacés et sans lumière balayée un peu par la musique, la drogue, les clopes. A l'époque, c'était un remède et une fuite à la fois. Des morceaux pleins de vapeur ou de constat désabusé et haineux, selon le sujet traitant de la dépendance mentale nécessaire pour se raccrocher aux choses, sexe, drogue, travail, pensées, occupation. De la schizophrénie et de la misère d’une société qui se chie dessus de plus en plus vite et creuse sa tombe l'extase dans le regard déjà transparent et l'écume aux lèvres.
L'étrange voyage me happait à chaque détour nouveau dans ses innombrables tunnels sonores. Voir son époque plier sous ses blessures est toujours plus explicite mais aussi plus relatif quand ça se fait au travers de prismes cristallisant cette dernière et permettant de prendre un recul qui évite de devenir fou avant les dernières heures.
we are young. we run green. see out friends. see the sights. and it's alright.
Sous toutes ses formes, elle est devenue compagne de mes émotions. Pleurer parce que sans elle, ça n'a pas de sens. Without You I’m Nothing. Transcender la nuit sur les boucles cosmiques du hip hop new yorkais, embarquer dans une brume rougeoyante et dessinant ses sillons enflammés et ses ombres, se réduisant à des Visages, des figures.
[note de Koma : le elle en question ici était une fille, l'ambigüté joue sur la musique dans la première phrase et la fille dans la seconde]
Un harmonica résonne dans mon crâne, lointain et sifflant, comme une alarme de fin du monde, ou d'ère nocturne prolongée.
Libérer sa rage avec l'exaltation et la puissance libre. La tête en arrière, la brise sur les joues, les étoiles au fond des yeux. Les pieds déraillant et le vertige qu'on espère infini avant la nausée. Juste ces moments où chaque atome, chaque électron dans cet univers prend une place parfaite, où tout est compris et analysé, où la logique elle-même semble exister enfin en s'autodétruisant. Moments où l'on vit à nouveau au delà d'une existence déjà vécue trop vite par ses propres barrières.
De la grâce et de l'émotion aux pleurs, des fêtes au sommeil, ça raccompagnait souvent le soir en remontant la rue, les après midi où je dessinais ou bien les après midi solitaires sans présence, sans lendemain, juste de quoi tuer le temps quelques battements de soleil. L'herbe et la musique pourraient faire avancer l'univers à l'infini à reculons et le faire se replier sur lui-même sans jamais s'arrêter tout en l'exposant à l'âme à nu. Breathe in, inhale vapors from bright stars that shine. Breathe out, weed smoke retrace the skyline. Communion des âmes, l'artiste est un père, un amant, un confident, un guide, un ami. L'ami qui vit le cœur à l'unisson ces moments partage avec soi même quelque chose de plus fort que tout ce qui a été vécu auparavant, et sera à jamais quelqu'un à part.
frère de sang. frère d'horizon. frère de rien. frère de chemin.
Tout ce qui monte doit redescendre, même les soleils blancs des esprits qui ont détalé. La réalité devient un tourbillon de souvenirs qu'on arrive pas à apprendre à oublier, et l’harmonie dorée de la bulle éclate subitement. Une apathie incompatible avec l’évolution de la vie. Un équilibre trop souvent franchi par inconscience de ses propres faiblesses. On se croit fort et juste. Mais être fort et juste n'empêche pas de finir dans le trottoir, à fixer les étoiles.
Souvenirs de summer of love préfabriqué, flou et échos lointains. Fêtes innombrables aux lendemains éclatés, étés de liberté, nous émergions au matin, hagards et dansant, le sourire aux lèvres et l'amour qui trainait encore entre les pierres. Omniprésence de bruits de fonds, dans les soirs, le lendemain, en rentrant sur une route déserte, le vent dans le visage, les souvenirs confus, le soir chez soit, les après midi chez les autres, les concerts, la vie en juin, les battements de la ville.
Des rêves éthérés inconscients, différents de l'oubli sur commande, une prolongation des braises rallumées en un brasier ressuscité, un trip qui paraissait sans fin, on tend les mains et on touche le ciel, un truc où on entre, ses sens en alerte, sans vraiment s'en rendre compte en même temps.
dans tes yeux. y'a la flamme. y'a le feu. qui ne s'éteint pas.
On redescend plein d'espoir, toujours imprégné de paillettes incandescentes dans le cœur, et de lumière qui éblouit le regard. Mais le tintement d'une clochette à créé une onde de chaos sur cette vague magnifique qu'on chevauchait, et le blizzard a figé cette dernière. On glisse, on tombe. On cherche les ombres autour de nous mais mêmes elles ont disparu. Le noir. Plus opaque de la plus délicate des encres, plus insonore que le plus profond des sommeils.
Trouver le monde trop froid et rester cloitré, se flinguer l'esprit s'abrutir devant la télé.
here we are now, entertain us.
On chute à nouveau dans ce désir de voir le monde se carboniser autour de soi sans aucune chaleur, comme si les flammes invisibles grignotaient les paysages sans douleur. Un engourdissement sourd et résolu. Trois heures du matin. Le son à fond. Les yeux contre le mur. Le sommeil qui s'est enfui avec les vagues de chaleur et les souvenirs. Il fait froid. De plus en plus froid. Mais on ne sortira pas. Parce qu'au dela, on ne sait même plus ce qu'il y a, on a seulement retenu les tableaux de la destruction. Persuadé soit même que c'est le voyage qui conduira quelque part. On sait que ce n'est pas vrai, mais on persiste à y croire. Quand un hurlement de détresse fait briser les murs et la glace, on croit apercevoir la lumière, mais si on ne se jette pas à corps perdu dans la brèche, celle-ci se referme sournoisement et le sol se dérobe à nouveau sous nos pas. J'ignore s'il existe une traduction assez forte pour expliquer ce blanc opaque qui enserre langoureusement le regard et l'âme. Pas celui du plaisir ou du bien être. Celui qui renvoie l'esprit et la personne, et tout ce qui l'a développé, à l'état de poussières balayées par les pluies de sa propre psychose. Un rêve éveillé, totalement lucide, mais résolu à le prolonger toujours un peu plus.
Numb. Il n'existe pas de mot assez fort pour traduire ce froid.
it's a long, lonely journey, from death to birth.
Un jour dont on ne se souvient déjà plus, le bruit et le fracas s'infiltrent dans la brume. Clignement d'yeux, regard furtif, couleurs qui dansent. Et puis cette peur. Cette peur grandissante, atroce, qui dévore les entrailles à une vitesse grandissante et qui chasse le sommeil à nouveau. Elle s'infiltre partout, rampe, s'entortille. Conscient mais terrifié. Pourtant, c'est le début d'une nouvelle ère. J'avais assisté à la destruction du monde qui m'a fait grandir. Je venais d'assister à la destruction de mon propre monde et son pourrissement. La peur oui, mais aussi la conscience lucide que les racines émergent à nouveau de ruines cette fois imprégnés d'un sang noir comme de l'encre, cette fois corrosive et fumante, granuleuse et poisseuse. Tout ça était présent, et oblige à vivre en trébuchant comme un nouveau né, étrange décalage. On a peur, mais les jambes flageolantes on continue d'avancer sans réfléchir, car au bout il y a quelque chose. On s'est à peine rendu compte que les tunnels de bruit ont laissé place à une caverne sombre déjà traversée depuis que ses murs ont tremblé, et qu'on trébuche à présent dans une grande plaine aux horizons infinis. La seule chose qui nous touche, c'est ce vent un peu froid sur le visage. Hors de son époque, mais on voit à nouveau le ciel.
a l'arrière des cafés vont les grandes idées. y'a martin et lisa. qui me disent "on y croit".
Quand le brouillard matinal fait piquer la peau sous les pulls et foulards, et quand les gosses crient trop fort dans le bus, la musique m'isole encore de temps en temps. Navigation prudente en essayant de limiter les souvenirs montants. Les ruines sont déjà recouvertes de neige. Jeter au plus profond de ma mémoire une époque révolue. Elle n'est pas coupable, elle n'a fait que montrer l'étendue du monde à mon esprit, et j'ai bloqué ses messages à cause de la paranoïa grimpante, de l'angoisse de ce pire ennemi et plus bel attribut de nos êtres qu'on appelle émotions. Celles qui ont permis de considérer que nous méritons tous notre doit à vivre sur cette Terre malgré nos héritages damnés qui nous poussent à nous condamner tout seul par culpabilité. Celles qui, quand le regard dépasse le cercle des soleils et les brumes rampantes, permettent de créer les trésors d'une race unique par ses conceptions de l'existence tout en nuances et en passion, loin des horreurs et du froid des cavernes putrides de la peur et du manque de foi.
J'ai aujourd'hui la profonde conviction qu'un jour, elle sauvera le monde. Reste à savoir si le monde désirera être sauvé.
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écrit en avril 2007, augmenté / bidouillé quelque fois jusqu'à septembre 2008.
C'est la première fois que je publie ce texte, qui m'a été nécessaire pour extérioriser mes démons à une époque où j'émergeais seulement de la plus noire période de mon existence. J'étais vraiment vraiment très mal. Il a la base été écrit pour moi seulement, mais le publier ne me choque pas car ça reste une déclaration à la musique en elle même. Si certains y pigent quelque chose et s'y retrouvent, alors tant mieux. Si besoin, je peux mettre les images qui m'ont parlé, le temps de les uploader.