
Aujourd'hui récupérée à toute les sauces par des gens n'ayant aucune notion des mots "art", "musique", "lyrisme" et "contestation", le rap et le hip hop en général sont véhiculés sur tous les écrans (de télé, de pub, dans la rue même) par des clichés usés jusqu'à la moëlle, et qu'on essaie de nous assimiler à cette culture.
Car Booba, le RNB actuel, les petits cons de quinze ans qui font les caillera en scooter et les odes aux bagnoles, au fric et aux putes, ce n'est pas le hip hop, comme le rock n'est pas forcément un groupe de toxicomanes finis habillés comme des clochards avec des cheveux dégueulasses, et qui passent leur temps à brailler dans un micro, sniffer toutes les poudres qu'ils trouvent et baiser des gonzesses dans des palaces immenses.
Le hip hop est l'un des mouvements musicaux les plus fascinants à étudier, il a réellement créé une nouvelle façon d'interpréter et de lire la musique.

Musique noir et contestataire à l'origine, héritage du spoken word et de l'apparition des samplers et de l'electronique dans la musique pop et rock, il va devenir une arme politique et sociale, un moyen simple et en phase avec l'époque de transmettre ses messages : puisque tout le monde n'est pas musicien prodige, on bidouillera la musique sur des platines en basant toute la force du truc sur ce que n'importe qui peut réaliser avec du travail : les textes, le flow vocal et la manière de combiner les 2 en quelque chose qui groove avec un beat lourd qui servira de basse. Le power trio du rap, c'est ça.
Aujourd'hui, le hip hop qui survit en marge des clowneries caillera de la société actuelle des écrans partout, innove encore, mélangeant tradition et nouveauté, créant des alliances ethniques entre le rock, le rap, l'electro, le son et la voix, les textes et les instrus : le ragga ou le trip hop sont des courants nés du hip hop, comme les styles fusion mélangeant rock ou metal avec rap, reggae, ragga... et le hip hop aujourd'hui s'infiltre partout et se marie avec la musique d'avant et d'après pour donner des groupes novateurs au son atomique comme Rage Against The Machine, Cypress Hill ou Outkast par exemple.

Des trucs old school de Rakim ou NWA aux explorateurs comme Saul Williams ou Outkast en passant par la scène française de NTM et autres La Rumeur, qui ont aujourd'hui façonné un pan du hip hop à part entière (la scène française est reconnue mondialement comme la seconde la plus écoutée après l'US), ce topic a pour but de faire partager aux quelques éventuels fans ou simples amateurs ou curieux des découvertes, préférences, coups de coeur de chacun, et si les gens le désirent de débattre sur cette musique. Qu'est ce qui fait un bon rap pour vous, qu'aimez vous dedans, est ce la contestation originelle ou le hip hop uniquement fait pour le plaisir de l'oreille, le hip hop est il mort ou vivant, quels artistes aimez vous, quelles lignes temporelles d'écoute conseillerez vous, etc.. bref, j'ouvre une tribune dédiée à cette musique trop mésestimée, qui derrière ses dérives mercantiles affligeantes -mais qui n'en a pas connue, à commencer par le rock et le punk- a accompagné le tremblement du monde fin 90 dans une Amérique encore raciste et profondément remise en question sur le sort qu'elle avait réservé aux minorités de ses ghettos, et depuis 20 ans nous a sorti quelques disques et rappeurs mémorables qui ont fait danser les pieds autant que fait cogiter la cervelle sur les contextes sociaux de notre 20e siècle.

Personnellement, j'ai écouté du rap étant gosse, en suivant les modes de l'époque (Dre, le rap français, Eminem..) sans rien percevoir du phénomène, uniquement le coté bling bling et la séduction mercantile, avant de basculer dans le rock quand un pote m'a fait écouter Saez, Dolly, Nirvana, les Doors ou Rage Against The Machine. Longtemps, j'ai méprisé le rap pour sa tournure mercanto-sociale guignolesque qu'on avait avec la France (les caillera en lacoste donc) et aux USA (le bling bling avec leurs clips californiens plein de put..de "jeunes filles pas effarouchées" et de lowriders) avant de commencer de plus en plus à devenir accro à la musique, et de commencer à la percevoir comme plus que du "son" et comme un art, une manière de vivre et de faire évoluer les moeurs, et un phénomène socio historique, une culture, un way of life.
Dans cette optique, j'ai de plus en plus écouté de disques au lycée, et je commence à piocher dans d'autres genre que le rock, en découvrant l'electro, le ska, le dub, la chanson française, le folk, le psychédélisme, le punk, l'indus...

L'arrivée du neo metal chamboule beaucoup de choses, car elle me fait remonter à Rage Against The Machine, groupe qui boulverse ma vision musicale et mes oreilles autant que Nirvana précédemment. Derrière, je suis fasciné par le neo metal, décrié par les "true metalleux brutal death" mais arrivant selon moi à mixer de manière groovy et organique le rock, le rap, le metal et l'electro (samplers, sons, bruits, tonalités souvent "synthétiques" du neo metal pour les guitares accordées très bas, bien que l'ensemble garde un aspect groove) qui dans les exemples les mieux maitrisés pondent quelques disques bouillants (les débuts de Korn, Enhancer et Pleymo, les disques de Snot, Mass Hysteria ou Watcha, le double Skull and Bones de Cypress Hill, le Reanimation de Linkin Park..) auxquels viennent s'ajouter des disques de fusion plus orientés punk et rock que metal, comme les Red Hot Chili Peppers, RATM, Fishbone ou en France, No One Is Innocent et les disques parfois attribués neo qui eux jouent plus dans la cour du metal atmospherique, electronique et ambiant, Tool et Deftones en tête, Chevelle aussi, ou juste alternatif et innovant, Babylon Pression et SOAD.

Les relations entre certains rappeurs et rockeurs (le Wu Tang et Cypress Hill notamment qui cotoient des metalleux comme les Deftones ou System of a Down) et ma fascination pour Zach De La Rocha, duquel je lis la moindre anecdote ou interview, me poussent à me repencher sur le hip hop, la culture avant tout puis la musique (le rap, le spoken word, le slam, le funk, le breakdance...) et à écouter des trucs éparses, récents ou pas, mais souvent old school. KRS One, Public Enemy ou Run DMC me parlent beaucoup plus que 50 cent (aha), et en France, Sniper et Booba me cassent les oreilles alors que j'écoute régulièrement Iam ou la Brigade.
Depuis un ou deux ans maintenant, et avec l'aide d'un fanatique de hip hop dans ma classe, je découvre encore des nouveaux trucs, et je me plonge plus en complexité dans cette musique, découvrant tous les anciens (Afrika Bambata, Rakim, NWA, Public Enemy..) avec toujours autant de kiff, et dénichant quelques nouveaux doués (MF Doom, Outkast, Fort Minor, Busdriver, The Roots), du coté de la scène française je suis frappé par la qualité des années 90 (Idéal J, Iam, NTM, La Rumeur, 2Bal 2Neg...) et atterré par la scène actuelle, mais je découvre surtout la scène world et US en ce moment, donc j'ai pas encore pris le temps de chercher de vrais rappeurs français actuels.

Dans un prochain post, si certains ont lu tout ça (donc manifestent de l'intérêt pour ce topic), je me pencherais sur l'impact des textes et de la musique dans le rap, pourquoi je trouve certaines paroles, certains flows ou certains instrus géniaux, autant pour leur groove que pour le contexte.
Je posterais également cette semaine les quelques messages/chroniques que j'avais fait de disques hip hop, en les rebidouillant un peu.
A vous maintenant.
