La musique classique se meurt
Malgré quelques miroirs aux alouettes comme la Fête de la Musique, l'audience de Radio-Classique, les émissions de Jean-François Zygel ou Frédéric Lodéon, le classique est à l'agonie en France. Jacques Drillon a mené l'enquête
Tous les directeurs de salles, d'orchestres, d'opéras, le savent : malgré leurs actions, leurs opérations, leurs promotions en faveur des jeunes, leur public vieillit. Encore une génération à ce régime, et les salles seront vides. Déjà, l'élite est coupée de la musique. On peut être PDG, ministre, universitaire, directeur de journal, et ne pas savoir ce qu'est un allegro de sonate. «Autrefois, dit Daniel Barenboïm, les gens qui connaissaient la peinture de Picasso connaissaient aussi la musique de Stravinsky. Ce temps est révolu.» Déjà, on est obligé de préciser : musique classique, jusques et y compris sur les ondes de Radio-Classique, comme si c'était un genre à part, et que musique tout court évoquerait plutôt la Star Ac.
Déjà France-Musique est obligée de découper les concerts qu'elle diffuse pour intercaler des oeuvres qui détendent l'atmosphère : une heure et demie de quatuor à cordes, quelle horreur, passons un air d'opéra ! Déjà, les émissions de musique ont disparu des grandes chaînes de télévision, et France-Inter se contente de la petite heure de Frédéric Lodéon, qui ne diffuse que des bouts d'oeuvres, parfois des fragments de mouvements, parfois des fins de finales, pour que cela ait l'air gai, et dont le commentaire se résume à quelques anecdotes rebattues. Bientôt les amateurs de musique auront leurs sites internet, leurs salles, leurs programmes, leurs journaux, comme les latinistes ou les amateurs de jazz. Et cela malgré le voeu du chef d'orchestre Jean-Claude Casadesus, qui veut rendre la musique à ceux qui disent «ce n'est pas pour moi», parce que le tissu français n'en est plus imbibé. Il est complètement sec. On a tout fait pour «amener les gens à aimer les grandes oeuvres», pour leur «ouvrir des portes». Ils ont passé la porte, et sont ressortis. Bien entendu, les amateurs ne disparaîtront pas; mais ils vivront dans les catacombes de l'art, entre eux, bien cachés, et sûrs de leur dérisoire supériorité. Car la vie musicale française commence à ressembler à ces paysages siciliens entièrement pourris d'immondices, d'immeubles crasseux, de publicités, de béton sale : prenez la troisième à droite, roulez dix minutes, vous verrez le temple grec de Sélinonte, dans sa bulle de verdure. Ou là-haut le théâtre de Taormine, que vous atteindrez en vous bouchant le nez, à cause de la pollution. Il n'y a plus personne pour habiter vraiment les palais baroques de Syracuse, personne pour les admirer, si ce n'est la masse des touristes qui lèvent la patte dessus. En France, la musique était attaquée par les bords, le centre, le dessous, elle commence à l'être par le dessus : dis-moi avec qui ton président fricote, je te dirai qui tu es.
Elle a déserté ses deux terrains de prédilection : l'église et l'école. La liturgie s'est appauvrie jusqu'au grotesque : guitare, flûte à bec et cantiques atroces; les rares curés s'en fichent, et la masse des «fidèles» n'est plus une masse, mais un petit groupe clairsemé, qui fond à chaque décès. Quant à l'école, la dégringolade de l'enseignement musical est à pleurer. Les cours, s'ils n'ont pas totalement disparu, sont devenus de véritables caricatures. S'il reste ici et là un professeur compétent, fort et dynamique, un saint, la majorité des enseignants tente de sauver les meubles. On «enseigne» donc la chanson et le rap.
«Je pars de ce qu'ils connaissent, dit une jeune agrégée. Leur tomber dessus avec une symphonie de Brahms ? Ils décrocheraient tout de suite. Donc on étudie une chanson qu'ils ont entendue, et de là je peux m'écarter un peu, leur faire entendre un lied de Schubert, leur expliquer ce qu'est un rythme binaire ou ternaire, et petit à petit on avance.» On se demande ce qui se passerait en mathématiques si le professeur partait «de ce qu'ils connaissent». Il n'irait pas loin. Pour le professeur de musique, l'élève doit être apprivoisé (comme une bête sauvage), ménagé (comme un malfaiteur), courtisé (comme un client). Ce n'est plus de la pédagogie : c'est de la trouille. En sorte qu'au bout de quatre malheureuses années de collège, à raison d'une heure de cours par semaine, l'élève est rendu à son ignorance originelle, vierge de tout viol intellectuel. Les 37 heures annuelles qu'il aurait pu consacrer à la musique sont dilapidées. La seule chance de survivre, pour le professeur lambda, c'est le plaisir facile. Or la musique procure un grand plaisir, mais difficile, dans l'écoute comme dans la pratique, et qui ne se gagne qu'à force d'attention, d'exigence et de travail. En les abandonnant à «ce qu'ils connaissent», nous laissons les enfants en proie à l'ennui, au ricanement, au désespoir.
Après trente ans de travail dans la région de Lille, Jean-Claude Casadesus constate que la musique fait cesser la violence dans les écoles où elle est pratiquée, et insiste : «Nous n'en avons pas encore épuisé toutes les vertus thérapeutiques. Nous touchons quinze mille enfants par an; lorsque nous en plaçons à côté des musiciens en répétition, ils comprennent que nous recommençons jusqu'à ce que cela soit bien. C'est d'abord un hommage que nous rendons à leur dignité, et ils le sentent, et ensuite ils comprennent que l'accomplissement d'un désir passe par la discipline et la rigueur. Il y en a que la musique a sauvés.» Autrement dit, avec le plaisir facile, on ne les sauve pas, on les condamne.
Les ventes de disques sont un bon indice. Si la part du classique a fait un petit bondelet de 0,8% en 2006 par rapport à 2005, grâce aux intégrales a 99 euros, il se traîne tout de même à 6,5% du total, ce qui n'est pas grand-chose, surtout si l'on tient compte du téléchargement massif de variétés pratiqué par 2,3 millions de foyers français, lequel dope l'écoute mais ralentit les ventes, qui ont baissé globalement de 18%.
Pour une grosse compagnie comme Harmonia Mundi, dont le chiffre d'affaires a augmenté de 72% en dix ans, mais qui le réalise surtout dans la distribution de labels extérieurs (la production maison ne représente plus que 30% de son activité), la mise en place d'un nouveau CD, c'est-à-dire le nombre d'exemplaires achetés par les disquaires, a baissé de 30% en dix ans; pour une petite maison, comme il en a fleuri beaucoup, et d'excellentes, dans les années 1990, on tombe à une mise en place de 300 ou 500 exemplaires. Jean-Paul Combet, patron d'Alpha, explique dans «Diapason» qu'il n'a mis en place que 1500 exemplaires d'un CD Bach, qui n'est pas le dernier des ploucs, dirigé par Gustav Leonhardt, qui n'est pas le dernier des manchots. A présent, un CD a du succès lorsqu'il s'en vend 1500 exemplaires hier c'était 3 000. Sylvie Brély, qui dirige Zig-Zag, avoue à sa suite : «Pour prendre un minimum de risques, les disquaires nous demandent des investissements promotionnels dans les magazines, à la radio. Au prix du papier dans la presse française, c'est une arithmétique périlleuse.» Pour survivre, ces petits labels ont dû «s'adosser à une nouvelle structure financière» (Alpha), ou «s'ouvrir à des associés supplémentaires» (Zig-Zag) .
Bien sûr, les écoles de musique et les conservatoires sont pleins. Bien sûr, il faut faire la queue toute la nuit pour inscrire un enfant dans un conservatoire parisien; et s'il n'y a plus de place en piano ou en flûte, on le mettra en tuba ou en basson. Mais c'est qu'ils sont très petits, ces conservatoires, et qu'il y a très peu de classes. Ils sont très pauvres - quoique rares et chers. Il est d'ailleurs aussi difficile d'y enseigner que d'y apprendre : la voie est bouchée des deux côtés. Et la résignation gagne du terrain; à la question «êtes-vous plus heureux de vos élèves qu'il y a vingt ans ?», un professeur du Conservatoire de Paris répond : «Je suis plus heureux parce que je suis moins exigeant. Quant à eux, ils ont pris conscience de ce qui les attend; ils seront profs...» Les professeurs de conservatoires municipaux («à rayonnement municipal», doit-on dire aujourd'hui), qui commencent à 15 euros l'heure (15 euros !), acceptent des cours particuliers, payés le double, et passent leur temps dans leur voiture ou dans le métro : «Ce n'est pas le pire, dit l'une. Le pire, c'est qu'après sept heures de cours on n'a plus d'énergie pour rien, pour travailler son instrument ou pour aller au concert. Dans certaines boîtes, il faut faire des concerts de professeurs, de la paperasse, jouer avec les élèves aux examens, parfois à l'autre bout du département, on est bon pour tout, on est des esclaves. Je ne vois plus mon fils, j'aime encore la musique, mais c'est un miracle.»
La relève viendra d'Asie. Les musiciens coréens, japonais, chinois raflent tous les prix internationaux. Leur formation est féroce, ils ont un niveau technique ahurissant, ne serait-ce qu'en Chine, où il y a 50 millions de pianistes... Une musicienne française qui revient de Taiwan : «Ils vous accueillent à bras ouverts, là-bas, les élèves se précipitent à vos cours, mais les messieurs qui vous signent des contrats vous font des petits sourires entendus. La musique est un marché comme les autres, et Us comptent bien l'emporter.» Actuellement, un étudiant sur quatre en classe de violon au Conservatoire de Paris est asiatique, un sur trois en piano.
Bien sûr, des manifestations comme la Folle Journée de Nantes ou certains festivals ont du succès. Mais ce sont des feux de paille : les onze mois suivants sont à peu près vides. A Nantes, on achète les billets au poids. Vous n'avez plus de «Truite» de Schubert ? Donnez-moi ce que vous avez, une «Belle Meunière», ha ! ha ! «Tout ce marketing qu'on fait autour de la musique, dit Daniel Barenboïm, repose sur une idée : vous n'avez pas besoin de la connaître, vous n'avez qu'à venir et prendre votre pied. Comme si l'auditeur n'avait rien à faire, ni à être concentré, ni à être préparé. Comme s'il lui suffisait de s'asseoir et de laisser agir la magie de la musique. C'est faux, c'est faux !»
Bien sûr, Jean-François Zygel remplit ses théâtres, investit la radio, la télévision et fait la une de «Télérama». Mais n'est-il pas la preuve que nous vivons dans un état de pauvreté musicale qui touche à l'indigence ?
Si l'école faisait son mener, tout le monde saurait par coeur ce qu'il raconte.
Bien sûr, l'audience de Radio-Classique monte lentement mais régulièrement (1,7% contre 1,6% à France-Musique, pour les derniers mois de 2007). Mais Radio-Classique ne diffuse que des petits bouts d'oeuvres, et seulement des tubes, présentés par des personnalités aussi proches de la musique que Johnny Hallyday l'est de Blaise Pascal, ainsi Nelson Monfort ou Carole Bouquet...
Bien sûr, il est difficile d avoir des places à l'Opéra. Mais pour y voir quoi ? Et dans quel but ? Les maisons d'art lyrique, dont Boulez disait qu'il fallait «les brûler», ont toujours fasciné les classes moyennes : les costumes (sur scène et dans la salle), les stars, les balcons, d'où l'on se zieute... La satisfaction de pouvoir dire : j'y étais... Et de pouvoir se dire : j'en suis. Cela dit, les opéras de province sont menacés de baisses de subventions.
Restent les stars, qui remorquaient le grand public. Mais les vedettes n'existent plus dans le classique : il y a bien une Hélène Grimaud, qui va jusqu'à poser pour des pubs de bijoux parce qu'elle est elle- même une parure, mais il n'y a plus de Menuhin, de Karajan, de Horowitz, qui réunissent sur leur nom à la fois le succès public et l'estime des connaisseurs. Bien sûr, les chanteurs d'opéra ont un nom qui dit quelque chose au grand public, Cecilia Bartoli, Roberto Alagna, mais à côté de Callas ou de Fischer-Dieskau... Non, le monde du classique n'est plus capable de produire ses vedettes. Un Kissin, un Sokolov remplissent les salles, mais combien de Français seraient capables de dire s'ils jouent du piano, du violon ou du cornet à pistons ? D'ailleurs, Alagna est-il ténor, baryton ou basse ?
Se pâmer à l'écoute de Madame Butterfly, puis courir voir le dernier Harry Potter au cinéma le lendemain... Cette pratique culturelle multiforme caractérise désormais l'élite qui, hier encore, ne fréquentait que la haute culture: théâtre, ballet, concerts classiques. Une monomanie snobinarde en voie d'extinction, selon deux chercheurs britanniques.
L'élite culturelle qui lève le nez sur la culture populaire n'existe plus ou si peu qu'elle ne mérite même pas qu'on la nomme. C'est la principale conclusion d'une étude britannique réalisée par les docteurs en sociologie Tak Wing Chan et John H. Goldthorpe à l'université d'Oxford.
«On ne parvient pas à identifier un groupe significatif de consommateurs qui se cantonnent dans la haute culture», peut-on lire dans l'article de recherche intitulé Cultural Trends - The Social Stratification of Cultural Consumption: Some Policy Implications of a Research Project. Selon le document de recherche, ce groupe représenterait à peine 1 à 2 % de la population dans les sociétés contemporaines.
«On tente de défaire le mythe selon lequel les gens aisés ou de la classe moyenne fréquentent la haute culture en tournant le dos à la culture de masse», a expliqué au Devoir Tak Wing Chan, joint par téléphone. «Au contraire, ils sont eux aussi enclins à se nourrir de culture populaire.»
«Les gens qui consomment le plus de haute culture -- musique classique, opéra, théâtre, ballet, etc. -- tendent aussi à consommer de la culture populaire, au moins autant, sinon plus, que ceux qui se limitent à cette dernière», indique l'étude.
Est-ce à dire que les formes artistiques plus traditionnelles sont menacées? Des statistiques québécoises datant de 2007 le laissaient croire en soulignant le vieillissement et l'essoufflement du public de théâtre et de musique classique.
«Selon moi, on ne peut pas affirmer clairement que la haute culture est en déclin, affirme Tak Wing Chan. La question est de savoir s'il s'agit d'un phénomène lié à l'âge ou à une cohorte. Dans le premier cas, les gens passent aux arts traditionnels lorsqu'ils deviennent plus vieux. Dans le second cas, les gens continuent de cultiver leurs préférences de jeunesse en vieillissant. Là, alors, les craintes seraient plus justifiées.»
Sur une note plus optimiste, l'étude des deux sociologues montre surtout la diversification de la culture attirant cette élite qui n'a plus grand-chose d'élitiste.
«Les gens qui font "haute culture" sont tout simplement plus ouverts à l'offre culturelle. Cela ne signifie toutefois pas que la haute culture est en déclin.»
Omnivores contre univores
L'élite est devenue omnivore: elle se nourrit autant de Puccini que de Bruce Willis en cavale. La vieille opposition entre l'élite culturelle et les abonnés à la culture de masse ne tient donc plus la route, selon les deux chercheurs, qui préfèrent remplacer ces désignations par quatre types de consommateurs culturels, comme l'a suggéré le sociologue américain Richard Peterson.
Les omnivores frayent ainsi avec les univores, qui se gorgent seulement de culture populaire, et croisent à l'occasion des paucivores, qui fréquentent parcimonieusement les grandes institutions culturelles mais évitent les lieux plus marginaux. Le quatrième type, les inactifs, se manifeste essentiellement quand on le questionne à propos de ses activités dans le domaine des arts visuels (musées, galeries, art vidéo). Il n'y participe tout simplement pas.
Cette analyse s'appuie sur un sous-échantillon de 3819 répondants âgés de 20 à 64 ans, tiré d'un vaste sondage (6000 répondants) du Conseil des arts britannique. D'autres analyses similaires ont été effectuées parallèlement dans six autres pays (États-Unis, Chili, France, Hongrie, Pays-Bas, Israël). Les questions se limitaient toutefois à la participation à trois domaines d'activité culturelle: théâtre, danse et cinéma, musique, arts visuels. Rien sur la consommation de télévision et d'Internet ni sur la lecture.
Il en ressort que les omnivores, comme leur nom l'indique, se nourrissent de tout: ils remplissent le tiers des salles de théâtre, de danse, de cinéma et de musique et forment presque le dixième du public des arts visuels. Les univores monopolisent les deux tiers des salles de cinéma et des concerts pop et rock mais évitent les musées, qui accueillent plutôt les paucivores (34 %) et où les inactifs brillent par leur absence (60 %).
L'envers de la médaille, c'est qu'«une vaste majorité de la société est univore ou inactive, en Grande-Bretagne comme dans les autres pays sondés», indique le chercheur.
Éducation contre revenu
Cette étude britannique bouscule un autre mythe en soulignant que les omnivores ne sont pas systématiquement issus des classes socioéconomiquement avantagées.
«Alors qu'il n'existe pas de classe dominante culturellement élitiste, on ne peut pas non plus établir de lien direct entre cette classe dominante et les omnivores», écrivent les deux chercheurs.
D'une part, l'équation entre un revenu élevé et une riche pratique culturelle ne va plus de soi. En fait, l'éducation influe davantage que le revenu sur la pratique culturelle.
«L'éducation se révèle l'indicateur le plus déterminant de la consommation culturelle», affirme Tak Wing Chan, et ce, dans tous les pays sondés. «Un haut degré d'éducation constitue la meilleure façon de contrer la faible consommation culturelle», indique le texte de l'étude.
D'autre part, la relation entre l'organisation sociale et la consommation culturelle est beaucoup plus complexe que l'ancienne lecture bidimensionnelle «élite contre masse» le laissait entendre. Fréquenter la culture ne relève pas tant de l'allégeance à une classe que de facteurs combinés de revenu, d'éducation et de statut social.
«C'est le statut social et non la classe sociale qui structure l'iniquité en matière de consommation culturelle», insiste Tak Wing Chan.
Pour le chercheur, le statut social fait référence à la place qu'on occupe dans la société, aux hiérarchies sociales, alors que la classe est liée au revenu qu'on gagne. Il associe les omnivores à un statut élevé tandis que les univores et les inactifs sont de statut plus modeste.
Classe et statut sont des dimensions différentes de l'inégalité sociale dans les sociétés contemporaines, même s'ils sont liés. Au Royaume-Uni à tout le moins, il y a des gens qui ont un statut social relativement bas compte tenu de leur classe sociale.» Il cite l'exemple d'un gérant d'hôtel qui gagne bien sa vie et qui a pourtant un statut social plus modeste qu'une secrétaire de juge.
On peut laisser ce genre de débat aux universitaires. Il reste que la reconnaissance du rôle prépondérant de l'éducation et du statut social dans l'équation culturelle pourrait orienter les décisions politiques et les organisations culturelles dans leur quête de nouveaux publics.
«On pourrait trouver des moyens de faire en sorte que la consommation culturelle dépende moins du statut social», note le docteur en sociologie. Par exemple, le concert classique en plein air, en faisant fi d'un code vestimentaire, élimine les risques qu'un spectateur s'exclue lui-même parce qu'il ne se sent pas appartenir au public.
«Il faut capter cette psychologie», conclut le chercheur.