de Koma » 01 Avr 2010 22:51
Dans l'ordre, même si je défends pas spécialement les qualités de cet album, en deça des autres :
-le binaire musical on s'en tamponne, c'est du rock binaire et Saez a toujours fait du rock binaire (il ne fait pas de rock d'ailleurs à la base), si Saez sortait du prog en instru je me pincerai incrédule
-la parodie, faut savoir étudier le recul d'une info balancée sur le net, le torchon de webzine people qui a annoncé ça (sans preuve concrête d'ailleurs) s'est royalement planté, car l'info a été démentie par plusieurs sources sures, et Saez ne s'est jamais prononcé sur cette parodie. Ca aurait d'ailleurs été totalement idiot vu qu'il pointe du doigt la censure de son affiche, de censurer à son tour.. et honnêtement, la parodie est mauvaise. Le texte est vulgaire, sans finesse, et trop long pour une parodie, bref, il ne marche pas du tout.
-la voix de Saez, certes, éternel dilemme de l'aimer ou pas car il bêle comme un mouton. Mais je dois avouer moi aussi que l'effet "microphone" est un peu abusé sur le LP.
L'album, bein je suis mitigé. Plus j'écoute et plus je m'habitue aux instrus et apprécie le tout, mais ça demeure séparé, cloisonné dans mon émotion, de ce que je ressentais au début.
Y'avait le môme et y'a l'adulte. Petit Saez est devenu grand. Il ne vend plus de désespoir, il ne vend plus de rêve, il ne vend plus d'amour. Il offre sa lassitude, ses désillusions. L'album est cohérent, certes. Cohérent dans cette dénonciation à tord et à travers. De tout et de rien. Oui, on frôle le populisme, et le message se perd entre les cartes bleues,les sous, le droit de fumer et de boire si on en a envie. Et puis quoi ? L'anarchie ? Que tout le monde puisse se bourrer la gueule s'il le veut et puis merde ? Oui, on frôle la démagogie. Bien sûr qu'on nous interdit toujours plus de choses, mais c'est tellement facile...
Les messages se perdent et se ressemblent. J'accuse à déjà dit la moitié. Mais on a droit à Pilule, Cigarette, Des p'tits sous...j'ai l'impression qu'on tourne en rond.
Jours Etranges était en phase avec moi même quand j'ai grandi et que je l'ai redécouvert (il frappe beaucoup plus à 18 ans qu'à 14) mais aujourd'hui, je ne me sens pas en phase personnellement avec ce LP. C'est peut être ce qui me plait moins depuis Varsovie en fait. Les trois derniers albums de Saez ne résonnent plus avec mes émotions intérieures. Et du coup, j'y suis moins attaché. Alors que même en grandissant/changeant, les 3 premiers demeurent.. hum.. ils finissent toujours par me prendre toujours aux tripes. Varsovie était bien trop personnel pour que je m'y identifie, déja Debbie c'était limite mais ça passait. YT je passe à cause du contexte anglosaxon. Celui là, on verra avec le temps.. mais c'est un peu un ersatz de Jours Etranges qui respire pour moi à travers ce LP, mais hors de son temps, dans un contexte autre. J'ignore comment poser des mots dessus. Sans que ça ait quoi que ce soit à voir avec JE au niveau musical j'entends (ou alors de très loin).
Une structure qui change mais qui pour moi perd son identité propre (ou du moins celle dans laquelle je me reconnaissais et qui me faisait pulser sur la musique de Damien) et un discours qui, s'il demeure fidèle au bonhomme (les femmes et la contestation), a quand même une "esthétique" des mots limite ici. Y'a de très bons textes (Cigarette ou Les printemps) mais y'a aussi du lourdingue remâche (pilule est genânte tellement elle cliché-ise le skeud d'entrée de jeu et que le tracklisting aurait du différer stratégiquement pour éviter cet ecueil), et même si Saez n'est plus un adolescent, les mots choisis pour exprimer ses points de vues, aussi légitimes soient ils, sont parfois très mal articulés. Il suit le syndrome de Varsovie, ce "j'utilise la langue française populaire, car la chanson française, c'est ça avant tout", et parfois je trouve que le tout se casse la gueule.
Mais le manque d'impact de l'engagement de cet album est très bien défini : Saez gueule, ok, il l'a toujours fait. Sauf que là ça m'atteint pas, j'y crois pas. On dirait un ado défoncé qui philosophe en épatant ses potes à 3h du mat. Pourtant, c'est le même gars qui a fait On a pas la thune, Clandestins, Tu y crois, voire même les textes de God Blesse (Massoud et son ambiance me tétanisent malgré la simplicité des mots). Et je trouve qu'un Pilules ou un Sonnez tocsins n'a pas la force des précités. Même sans remettre en cause la densité textuelle des chansons.
Quelques très bons textes quand même, Cigarette est parfaite dans le comparatif (éculé chez l'auteur m'enfin) clope/femme, et l'instru déboite, et puis On a tous une Lula : cette chanson je trouve que c'est celle ou on retrouve le plus d'émotions, de coeur, l'ambiance est spéciale...un peu le Saez auquel on est plus habitué. J'ai été déçu quelque part de la transformation de Police. Je m'attendais, quitte à virer 100% dans le cliché "révolte adulescente", à plus de morceaux vraiment déglingués structurellement, ou plus de trucs punk. J'espère qu'en live il jouera Police et non Sonnez tocsins.
Pour en revenir sur cette éternelle critique du punkrock, je comprends pas pourquoi chaque fois qu'un zikos français fait du rock binaire, on le démonte alors qu'on adule le punk brit et US. Ce qui me dérange dans ce LP n'est pas le binarisme des riffs mais que la musique de Saez s'uniformise. Avant, quand tu dissociais paroles et musique, Saez avait quand même un univers bien à lui. Passé les références (gonflantes, car jamais justifiées) à Noir Dez que lui collait tout le monde, sa musique avait vraiment des univers démentiels (les bruits électroniques dans les transitions de Jours Etranges, le son de guitare tronçonneuse de Solutions, les ambiances de J'hallucine, le "pillonnage" qui introduisait J'veux du nucléaire, les choeurs dans Soleils 2000, le mégaphone au milieu du vent pour Massoud etc..), des compositions sonores très élaborées, entre grunge, pop, chanson pure, electro et ambient, Saez pratiquait le collage sonore avec entrain. Ici, comme sur YT, j'ai plus l'impression d'un groupe de rock anodin, un qui fait un peu comme tout le monde, et on compte sur la voix (de brebis sous ecsta) et les textes (d'un punk qui aurait été sobre assez longtemps pour lire Zola) de Saez pour compléter.
Pour moi, les instrus sont loin d'êtres mauvaises, le mix est quand même ciselé et travaillé et les compos sont bonnes. Je trouve ça moins personnel que les univers de la trilogie 1999-2005, là est ma nuance. Mais je parle en tant que fan de longue route, je suis Saez depuis la sortie de Jours Etranges. Et il a été l'album qui m'a plongé dans le rock à l'époque.
your love is a dragster wave
it makes us breathe like two machines.